Les plaines de Vohar

Descriptions: Vastes plaines possédant beaucoup d'herbe et quelques arbres. Endroit tranquille où les gens ne vont jamais. Certains monstres auraient tendances à y prendre refuges parait-il.

J’étais à moitié consciente. Je sentis alors quelqu’un qui me pris. L’ange? Non, la poigne était beaucoup plus délicate, beaucoup plus... féminine? J’ouvris les yeux : j’étais dans les airs. Je n’étais pas en état d’avoir le vertige, j’avais peine à garder les yeux ouverts. Les flammes dansaient encore sous nos pieds. Je tentai de repérer la fille de tout à l’heure, ou l’ange, mais à cette hauteur je ne pouvais les repérer. Ils avaient beau être des inconnus, s’ils n’avaient pas étés là je serais probablement déjà morte. J’espérais qu’il ne leur soit rien arrivé, et que rien ne leur arriverait. Peut-être l’ange avait-il réussi à reprendre son envol et avait pu sauver la fille?

Je sentis alors le sol sous mes pieds. La chose – enfin, la personne – qui m’avait sauvée m’aider à m’allonger sur le sol. Je n’avais toujours pas réussi à retrouver une respiration normale, mes poumons s’étaient déjà trop remplis de fumée. Mais bon, je ne pouvais en mourir, après tout. C’était juste une sensation très désagréable et douloureuse.

Je regardai enfin de quoi avait l’air la personne qui venait de me sauver la vie : c’était une femme, une fée, en fait. Elle avait de longs cheveux et elle était vêtue de magnifiques vêtements. Je fus rassurée de voir que ce n’était pas un être des ténèbres, où quelque chose du genre qui était venu me chercher.

Je constatai alors qu’il faisait maintenant plus chaud qu’il y a quelques heures, au cœur de la forêt. Mon hypothèse était peut-être vraie? Qu’importe, cela me fit du bien d’être à une température normale, après avoir été frigorifiée et presque brûlée vive. Le vent était maintenant léger, juste assez rafraîchissant. Je fermai les yeux et pris une grande respiration. Pendant quelques instants j’avais oublié la faim qui m’assaillait depuis plusieurs jours déjà.

- Merci, souffla-je discrètement.

La créature m'avait observé un court moment. Je vis de magnifiques yeux brillants. Cette fille était la créature la plus magnifique que je n'avais jamais vue. Une douce brise fit voler ses cheveux sombres. Sa beauté me figea complètement. C'est alors que dans son murmure, j'entrevis deux longues canines. Je compris alors qu'elle était vampire. La croyance des fées veut que les vampires soient des monstres immortels assoifés de sang. Des bêtes sans pitiés et cruelles. Mais ce que je tenais contre moi n'avait rien d'obscure. La crainte, la faim et l'épuisement reflètait chaque parselle de son visage mais la noirceur de ses yeux n'exprimaient qu'un lourd et triste passé. Je ne savais pas ce que ressentais un vampire, mais je me doutais que cette existences devait s'avérer difficile. J'eu alors une douce pitié pour elle.

-Ce n'est rien. Repose-toi. Quel est ton nom?

J’étais de nouveau épuisée, à présent. Cette nuit fut trop agité pour ma faiblesse. Je n’avais plus aucune force. Je crois que je n’aurais même pas été capable de lancer une roche un mètre plus loin tant j’étais dans un état pitoyable. Le pire dans tout cela, c’est que je ne pouvais dormir. Me reposer, je pouvais. Mais c’était si dure, avec tout ce stress et cette panique dans ma tête.

Par chance, je n’avais – étrangement – aucune envie de dévorer la jeune fée qui se tenait à mes côtés. Peut-être était-ce à cause de sa race? Les fées possédaient peut-être un type de sang qui ne convenait pas aux vampires après tout, cela ne m’aurait pas étonnée. Certaines personnes disent que les fées se rapprochent des insectes. Mais celle qui était à mes côtés était loin de ressembler à une Menthe Religieuse. Seulement ses ailes, faisait penser à celles d’un papillon très rare.

Étrangement, elle ne cherchait pas à s’enfuir. Au contraire, elle restait près de moi. Pourtant, j’avais la net impression qu’elle savait que j’étais un vampire. Peut-être que, contrairement à moi, elle savait que les vampires n’aimaient pas le sang des fées? Mais bon, je n’avais pas à me plaindre, sans elle, je serais déjà morte, brûlée vive par les flammes. Il m’était étrange d’être en compagnie d’une personne qui ne me donne pas l’irrésistible envie de la vider de son sang.

- Je m’appelles Margareth, soufflai-je en souriant légèrement.

Je crus sentir qu'elle se calmait. Son sourire était contagieux, car je me sentis sourir à mon tour. Cette pauvre créature semblait épuisé et morte de faim. Honnêtement, je lui aurais peut-être bien donné un peu de mon sang si c'était sans craintes. Mais les fées avaient un sang bien différent des humains ou des animaux. Non seulement mon sang ne l'attirait aucunement, mais de plus, il pourrait la rendre malade.

La pauvre était tellement mal en point. J'avais envie de l'aider à se sentir mieux. C'est alors que je me souvins que ma flûte possédait divers pouvoirs dont certains que je n'avais pas encore découvert depuis ma ''renaissance''. Peut-être pouvait-elle m'être utile?

-Margareth, détends-toi et n'ai pas peur. Ferme tes yeux. Dans quelques instants, tu entendras de la musique. Écoute-la attentivement. Concentre-toi.

Je déposai sa tête au sol, pris ma flûte, glissa le bec dans ma bouche et me mise à souffler. Une mélodie merveilleuse en sortit. Plus belle et plus douce que toute celle que j'avais joué auparavant. Après quelques notes seulement, une énergie sembla nous envelopper toute les deux. Quelque chose nous unissait. Lentement, je me sentis m'affaiblir. Je fus soudainement fatiguée. Lorsque je cessai de jouer, je déposai ma flûte et lui relevai la tête. Je venais de lui donner un peu de mon énergie.
Mes paupières étaient lourdes. Mais je dû tenir le coup.

-Ça va mieux? lui demandai-je.

Jamais, au cours de ces longues 139 années je n’avais entendu un son aussi charmant. Les seuls instruments que j’avais l’habitude d’entendre étaient ceux que l’on entend durant les festivités, tel les violons et les cors. La mélodie était enivrante, douce, agréable. Elle me rappelait la sensation que l’on éprouve lorsque l’on fait un merveilleux rêve. Cela faisait si longtemps que j’avais rêvé, par contre.

Il me fallut quelques instants avant de comprendre ce qui se passait. La mélodie jouée par l’instrument dans lequel la jeune fille soufflait était en train de me redonner de l’énergie et me rassasiée. Pas totalement, mais disons que ça pouvait m’aider à tenir une journée ou deux encore sans manger quoi que ce soit. (Car les vampires ont une meilleure résistance que les humains, c’est bien connu.)

Un immense bien-être m’envahi soudain. Ne plus avoir l’estomac serré, cela faisait tant de bien. J’arriverais enfin à me reposer, sans être meurtrie par les douleurs causées par la faim. J’aurais ainsi plus de facilité à approcher les gens, je pourrai donc aller dans des lieux publics, comme l’auberge par exemple.

Le plus doucement que je le pus, je me levai. Mes jambes n’étaient plus aussi flageolantes. Je fis quelque pas : j’arrivais enfin à marcher sans perdre l’équilibre et m’affaler sur le sol. Je pouvais respirer normalement et de façon saine.

- J’ignores comme tu as pu faire cela, avouai-je, mais je crois que je dois à nouveau te remercier.

Voir que j'avais réussi à la remettre sur pied me rassura. Sa voix était aussi belle que son visage. J'étais heureuse d'être venue en aide à quelqu'un. Cependant, j'étais à mon tour épuisée. Une grande fatigue m'envahit. Un vent chaud caressa mon visage. Je me sentais enveloppé d'un berceau de chaleur confortable. Je n'allais tout de même pas m'endormir là, devant elle. Je décidai de m'assurer qu'elle avait un toit pour dormir.

-Tu as une maison? Un abris? Je ne voudrais pas te laisser seule ici et tu as besoin d'un endroit pour dormir le reste de la nuit, dis-je d'une voix lasse et trainante malgré moi.

Maintenant, c’était elle qui était épuisée. Je me sentis un peu mal, je ne tenais pas à ce qu’elle dépense son énergie pour que je trouves la mienne, allons donc. Mais bon, c’est vrai que elle, elle avait la chance de pouvoir dormir. Quant à moi... disons que j’étais définitivement condamnée à la fatigue. N’empêche que je percevais très clairement le sommeil et l’épuisement dans sa voix et son visage. Je devais la laisser rentrer pour qu’elle aille dormir après tout.

- Je peux très bien aller dans une auberge, quelque part dans le Compté D’Asbrourg, lui répondis-je.

Il ne me restait pas beaucoup d’argent, mais il m’en restait suffisamment pour louer une chambre quelque part par contre. J’avais simplement besoin d’un endroit où je pourrais rester, car le jour, me promener à la lumière du soleil, me fait perdre une bonne partie de mes forces. Je sors habituellement dans les jours de pluie ou les jours nuageux. En fait, je sors plus souvent au coucher du soleil, pour ne pas me faire surprendre par ce dernier.

- Tu peux rentrer chez toi, si tu veux, je saurai me débrouiller.

Rentrer chez moi?
Cette phrase me fit un pincement au coeur. Où était-ce chez moi? Je errais dans les rues depuis près d'un an et je dormais dehors ou dans un petit hôtel quand mes moyens me le permettaient. Les larmes me montèrent aux yeux. Mais je fins qu'elles viennent de la fatigue.
Je me levai mollement. Je m'étirai et bâillai. Je n'avais qu'à dormir ici, derrière un buisson. De toute façon, je n'avais plus assez d'énergie pour me trainer jusqu'à quelque part. Demain matin, je n'aurai qu'à aller déjeuner à un café. J'avais suffisamment gagné d'argent en jouant de la flûte pour manger plusieurs jours. Je me retournai vers Margareth. J'aurais eu envie de rester avec elle. Mais elle devait partir.

-Parfait. répondis-je. Alors ça m'a fait plaisir de faire ta connaissance. Et j'espère que l'on se retrouvera, lui dis-je sincèrement.

Je dois avouer que ce n’est pas avec plaisir que je partis en direction d’Asbrourg. Après cette rencontre je n’avais guerre envie de repartir seule. De plus, il faisait encore nuit, le Compté était encore loin, il était dangereux de s’aventurer ainsi. Peut-être y avait-il encore des lycanthropes dans les parages? Je préférai ne pas y penser, juste me remémorer leur image dans ma tête me faisait frissonner d’effroi.

- Nous allons probablement nous revoir, lui dis-je. Je ne pars pas à l’autre bout du monde, je ne serai qu’au Compté d’Asbrourg. Bonne nuit hum... un instant, pourrais-je savoir ton nom avant de partir?

J’avais dit cette phrase en restant de dos, car j’avais déjà commencé à marcher en direction du Compté lorsque je lui posai la question. Et puis, disons que j’avais fait légèrement exprès de ne pas me retourner, n’essayez pas de savoir pourquoi. Je lui avais posé cette question car, si je savais son nom, il me serait peut-être plus facile de la retrouver, si un jour j’en ai de besoin.

La voir détourner le dos sans même regarder en arrière me fit, j'ignorais pourquoi, un poid sur le coeur. Sa voix revint doucement à mes oreilles. Sa si merveilleuse voix. À la fois si douce et si froide.

-Je m'appelle Shaolan. Shaolan Xiann.

Ces mots semblèrent être sortit de moi comme d'un robot. Comme si cela avait été programmé depuis des jours.

-Bonne nuit et sûrement à bientôt.

Je m'éveillai sous un ciel orageux. Il devait être 11h00 environ. Je me levai et me frottai les yeux. J'avais rarement si profondémment dormit.
Des images de mon sommeil me revint en pensée. Je me souvenais d'avoir rêvé à Margareth... Ses yeux, son visage...

Je me secouai la tête et ramassa ma flûte et mon sac d'argent. Mon ventre grinça. Il était vrai que je n'avais pas mangé depuis presque 24h. J'entrepris de marcher vers le Compté d'Asbrourg. Histoire d'aller y déjeuner. D'épais nuages sombres masquaient le bleu si pur du ciel. Dans quelques instants, un orage allait se déclencher. Alors que je marchais, je sentis quelques gouttes tomber sur mon visage. Je m'envolai avant d'atterrir plus loin, dans le Compté.